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La consommation aujourd'hui
Comment s'en procurer ?
Fabrication
Les quantités sans précédent de cocaïne mises sur le marché par suite d'une augmentation massive de la production de feuilles de coca expliquent en partie la forte présence actuelle de la cocaïne sur le marché de la drogue.
Ci-dessus, une plantation au Pérou.
La cocaïne est produite en masse dans les pays d'Amérique du sud qui produisent environ 1000 tonnes de cocaïne par an. En effet, les climats chauds et tempérés des vallées de la Bolivie, du Pérou ou de la Colombie sont favorables à la croissance de la plante de coca. Cependant d'autres pays comme l'Inde, Ceylan et Java produisent aussi de la cocaine.
Voir la carte sur les exports de cocaïne.
Dans les champs, de petits paysans mâchent les feuilles de coca comme on macherait un chewing-gum. Cela leur coupe l'appétit et réduit leur fatigue sans aucun effet négatif car la feuille de coca est un produit purement naturel. Les feuilles récoltées sont ensuite mélangées à divers produits comme de l'essence par exemple, puis elles sont foulées au pied, lavées, mêlées à de la chaux. On obtient alors la pâte de coca. Cette pâte est ensuite raffinée et transformée en cocaïne de base en recourant notamment à de l'acide sulfurique dilué et de l'amidon ou du kérosène.
On peut poursuivre les opérations pour obtenir du chlorhydrate de cocaïne : la cocaïne pure.
Mais la cocaïne est souvent coupée par les trafiquants à l'aide de substances peu coûteuses comme de l'amidon, des amphétamines, du plâtre ou parfois même du ciment, afin d'augmenter leurs bénéfices ou de "rentabiliser" leur consommation personnelle.
Un kilogramme d'hydrochloride de cocaïne est acheté, en 1984, 20 000 $ en Colombie; le prix de ce même kilogramme entré clandestinement aux Etats-Unis se trouve multiplié par 3 _soit 60 000 $_ et après coupages multiples finit dans la rue sous forme de 8 kg d'une substance dont la pureté n'est que de 12% environ, et dont la vente rapporte entre 500 000 et 600 000 $ !
La facilité de se procurer de la cocaïne et ses prix apparemment avantageux contribuent à faire de cette drogue une drogue populaire.
Cependant, la cocaïne de bonne qualité ne s'achète donc pas dans la rue, elle est réservée à une clientèle plus fortunée, mieux informée et plus exigeante. Les conséquences de cette drogue frelatée peuvent être dramatiques car injectée par intraveineuse, elle peut provoquer la mort du toxicomane.
Cycle / Traffiquant / Consommateur
Après sa fabrication la cocaïne est exportée dans plusieurs pays du monde. Le trafic de la cocaïne s'organise alors à partir des pays d'Amérique de sud où elle est fabriquée. Elle est ensuite acheminée par bateaux aux Etats-Unis, en Afrique ou en Europe. En Europe, elle arrive majoritairement à Roterdam, port commercial des Pays-Bas, d'où elle est distribuée à travers l'Europe. Elle est aussi acheminée par avions, mais en plus petite quantité. Des passeurs sont alors chargés de conduire la drogue à bon port sans se faire arrêter aux douanes. Ces derniers aussi appelés "mules" ou "fourmis" ingèrent des boulettes de cocaïne.
Ci-dessus, des boulettes de cocaïne absorbées par les mules
Ce système peut conduire à la mort dans le cas où le contenu de ces boulettes se déverse dans le corps. C'est pourquoi des passeurs évitent autant que possible d'ingérer des boulettes et font preuve d'une grande imagination pour dissimuler la drogue dans de divers objets. Par exemple, à l'Ecole de la Rochelle sont exposées une cage à chien, saisie en France avec 7,8 kg de cocaïne; une attelle en plâtre (France 3,2 kg) et une perceuse (Etats-Unis 2,2 kg ).
Ainsi en 2005, 5,5 tonnes de cocaïne sont saisies en France aux aéroports. C'est pourquoi, la cocaïne est souvent camouflée sous forme de poudre ou liquide noir rougeâtre sans odeur.
Ci-dessus, de la cocaïne noire
On estime aussi à 100 tonnes par an le marché européen de la cocaïne et à 400 tonnes par an celui des Etats-Unis.
La cocaïne est issue d'un commerce très organisé et hiérarchisé. Des hommes puissants la dirigent et en tirent d'énormes bénéfices, ce sont souvent la mafia ou des hommes de pouvoir. La CIA elle-même aurait plusieurs fois participé au trafic de cocaïne dans les années 1980. Les narcotrafiquants n'hésitent pas à corrompre magistrats, députés ou ministres afin de faciliter leur commerce. Ces hommes nomment des lieutenants pour exécuter leurs ordres, surveiller la fabrication, organiser les ventes et régler les comptes. Ces lieutenants dirigent des intermédiaires qui sont chargés de redistribuer la drogue à de petits revendeurs en établissent un commerce urbain. Enfin la cocaïne est distribuée aux "petits dealers de quartiers" qui la vendent aux consommateurs.
Les prix des drogues diffèrent selon le degré de pureté, le volume, le type de produit et notament selon les fluctuations de l'offre. 1g de cocaïne est estimé à 60€ en France (2 fois moins cher qu'il y a 10 ans) pour 41€ le gramme en Belgique et 100€ en Norvège. Une baisse remarquable des prix de la cocaïne serait une des raisons de son succès actuel en France.
Quels consommateurs?
Les différentes consommations
On a observé par le passé des périodes de développement spectaculaire de la cocaïnomanie suivies d'un recul ultérieur, souvent sans explication. L'épidémie actuelle se distingue des épidémies antérieures car les problèmes de santé au niveau mondial sont spécialement dus au fait des nouvelles méthodes de consommation de cette drogue.
L’usage le plus répandu est l’inhalation de la cocaïne. En langage courant on dit aussi « sniffer » de la cocaïne. La cocaïne se présente alors sous forme de poudre blanche disposée en petits tas filiformes appelés « traits, barres, rails, lignes, tracks, lichettes, poutres ou encore traces ». Cette méthode permet au consommateur d’en ressentir les effets dès 3 minutes après la prise, c’est le temps nécessaire à la poudre pour passer par les muqueuses nasales. La phase d’euphorie dure alors en moyenne 60 à 90 minutes.
Ci-dessus, 3 traits de cocaïne
La cocaïne peut aussi être fumée, en la mettant dans une cigarette de marijuana si la cocaïne est naturelle. Si elle est synthétique, la cocaïne doit être « basée », c’est-à-dire purifiée. La cocaïne en poudre est mélangée avec de l’ammoniac et chauffée jusqu’à l’apparition de cristaux. En rinçant cette préparation, on élimine toutes les traces d’alcali ( ammoniac, bicarbonate…), la cocaïne est adonc libérée de son sel. La cocaïne obtenue est du crack, elle est fumée dans une pipe à crack. La sensation d’euphorie aussi appelée « high » se fait sentir dès les 6 premières secondes et ne dure que 5 à 10 minutes.
Ci-dessus, des pipes à crack artisanales
Une injection de cocaïne par intraveineuse est aussi possible. Les effets successifs ressentis par ce mode de consommation sont désignés dans le langage courant par les termes suivants : flash, planète, descente.
Le flash se produit lors d'injection au bout de 15 secondes et ne dure que quelques secondes. Souvent assimilé à un « orgasme général », le flash, appelé aussi « rush » ou « kick », est une explosion de bien-être, une sensation de vertige et de tension très agréable.
Ensuite vient l’état de planète. Les influences extérieures sont mises à distance, le sujet ne ressent plus aucun besoin ni aucun désir. Ses sens sont plus vifs, et un sentiment de confiance en soi et de joie s’installe chez l’individu. Cet état dure de 1 à 2 heures.
Enfin la descente. Un sentiment d’abattement mortel s’installe chez le toxicomane d’où l’utilisation pour certains d’héroïne, qui évite cette dépression.
Une autre méthode moins fréquente existe aussi : la cocaïne est ingérée en « parachutes ». La poudre est alors enveloppée dans du papier à cigarette afin d’être gobée. L’effet est le même que celui ressenti lors d’un sniff et dure autant de temps. Cependant il se fait ressentir dans les 20 minutes après absorption. Les consommateurs de cocaïne considèrent ce mode de consommation comme du gâchis, sachant que pour en ressentir les mêmes effets que lors d’un sniff il faut en avaler une dose 60% plus importante. Cette pratique revient donc trop cher aux consommateurs qui préfèrent alors les usages les plus répandus.
Les effets attendus
Chaque consommateur de cocaïne attend des effets précis, parfois bien différents les uns des autres.
Les hommes d'affaires recherchent le sentiment de puissance intellectuelle et physique que procure la cocaïne, et la réduction de la fatigue pour pouvoir travailler plus longtemps. Un sentiment de confiance en soi se développe alors chez le consommateur et lui permet de prendre des décisions rapidement, par exemple dans le milieu de l'événementiel, de la bourse.
Les jeunes peu sûrs d'eux, recherchent eux aussi ce sentiment de confiance en soi, voire aussi la perte de la faim, dans le cas des obèses par exemple. Enfin, les jeunes toujours à la recherche d'expériences nouvelles sont tentés par l'effet euphorisant de la cocaïne.
La cocaïne provoque un sentiment de puissance sexuelle, d’où la consommation de cette substance dans les milieux de la nuit, que ce soit dans les rave-party, dans les boites de nuits ou dans les soirées très people.
Par ailleurs, toutes les classes confondues, certaines personnes "soignent" leur trac ou leur timidité avec la cocaïne car elle a pour effet de les désinhiber ( moduler des réactions comportementales sans but précis ) et les met à l'aise face à des situations difficiles pour eux.
D’autre part, nous savons qu’elle fut autrefois utilisée sous forme de médicaments afin de guérir certains maux comme le mal de mer ou la dépression. En effet, cette drogue procure un sentiment d’indifférence à la douleur.
Il ne fait pas oublier non plus que la cocaïne fut longtemps utilisée en tant que médicament, que ce soit pour soigner le mal de mer ou la dépression, et qu'elle procure un sentiment d'indifférence à la douleur, ce qui ouvre les portes à une multitude d'applications.